lundi 18 juillet 2016

À la loterie des instits, Antoine tire souvent le mauvais numéro

IEF, harcèlement scolaire, psy cmpp

Antoine est entré à l’école à 2 ans et demi dans la même école que sa grande sœur. C’était un peu tôt à mon goût, mais les aléas de la vie ont fait que je n’avais pas le choix, je ne pouvais rester à la maison pour m’en occuper. Élèves pas méchants mais turbulents et grossiers, une maitresse toute neuve, vite dépassée. Mais motivée néanmoins, voulant bien faire : accordons-lui ça... Mais pas plus.

Très vite, elle se met à soupçonner un trouble du langage chez Antoine. Un bébé de 2 ans et demi qui parle bébé, c’est inquiétant, qu’on se le dise. Je me fais régulièrement sermonner (oui oui) sur l’importance de la lecture, ce qu'on peut appeler un comble (ndlr : j'étais alors étudiante en lettres modernes, en parcours de préparation des concours de l'enseignement; autant dire qu'elle prêchait une convaincue). 

Les après-midi sont très difficiles car il y a bien longtemps qu’il ne fait plus de sieste, mais malgré mes demandes, et bien que ce soit un enfant très calme, on ne l’autorise pas à rester dans une autre classe (dans un coin bibliothèque, pour combler son soit-disant manque de lecture, par exemple?). Heureusement, il y a une aster adorable qui passera l’année à s’occuper de lui, à le bercer, lui faire les marionnettes et autres pendant que tout le monde dort. Malheureusement, un jour sur deux, il y en a une autre qui l’oblige à rester couché sans bouger sous peine d’aller au coin. Ça, je ne l’ai appris que plus tard, trop tard, lorsqu’il a enfin su s’exprimer comme un grand.

Puis la maitresse est tombée enceinte, elle a été arrêtée très tôt, et la valse des remplaçantes a commencé. Certaines n’étaient que nulles et inutiles. D’autres étaient carrément odieuses, une en particulier dont les enfants s’étaient plaint qu’elle leur mettait des claques derrière la tête. Appels à la directrice, mais ces femmes se succédant tous les 15 jours, jamais le temps d’intervenir sérieusement, et puis, vous savez : «les élèves sont difficiles ici, les maitresses font de leur mieux, elles sont jeunes, faut leur laisser le temps d’apprendre...»

Faisons un saut dans le temps, nous avons déménagé, Antoine entre en grande section de maternelle. 

Ironie du sort : ces deux années à l’école précédente ont fini par lui faire développer un réel trouble du langage. La maîtresse est adorable, une vraie mamie gâteau douce et rassurante. Elle fait de son mieux pour aider Antopine à s’acclimater et à reprendre confiance en lui. Ce ne fut pas suffisant, et nous finîmes par aller consulter un orthophoniste. Petit bilan, rien de méchant d’après elle, un stress causé par un manque de confiance en soi. Par hasard, il se trouve qu’elle connait l’école de notre précédent lieu de vie, une de ses connaissances y vit également! Pour elle, aucun doute, le problème vient de là. Elle va le prendre pour quelques séances 1/2 heure chaque vendredi soir, le temps de le débloquer. La semaine suivante, il sait prononcer tous les mots sur lesquels il butait jusqu’alors! Subsiste un léger «chuintement» sur le «s», lorsqu’il ne fait pas attention, mais c’est à peine audible. Rapidement, l’orthophoniste nous dit qu’elle en a fini, notre fils va bien, nous sommes soulagés et l’année se termine dans la joie.

Et puis... l’entrée au CP. Une nouvelle maitresse infecte. Elle perçoit le défaut de prononciation du gamin, nous fait convoquer, nous harcèle pour qu’on l’envoie chez l’orthophoniste... Cette horrible personne va jusqu’à le ridiculiser devant la classe en l’imitant chaque jour devant tout le monde dès qu’il ouvre la bouche, répond à une question, récite une poésie. Je vois mon fils rentrer en larmes car il a eu une mauvaise note en récitation, qu’il connait par cœur, mais la maitresse s’est acharnée à lui faire répéter une phrase pleine de «s», et il n’a jamais pu la prononcer comme il fallait. Il commence à bégayer, est de plus en plus nerveux, parle à un débit de plus en plus élevé, même nous parents n’arrivons plus à le comprendre. Seule sa grande sœur y parvient et joue les traductrices.

Ce1, 4e jour de classe, la maitresse m’interpelle à la sortie pour m’alerter des problèmes de langage d'Antoine... J’explose, je lui balance toutes les horreurs de sa collègue, elle est abasourdie, me rassure, nous comprend et nous assure qu’elle n’est pas comme ça et qu’elle fera de son mieux. Et elle le fit. L’année s’est passée tranquillement, le bégaiement n'existe plus, le débit est redevenu normal.

Puis, nouveau déménagement. Dans un petit village, une petite école de campagne avec des classes multi-niveaux dans un cadre tout à fait bucolique. On m’en a dit tellement de bien!

Oui, mais... Le directeur aussi est un nouvel arrivant, personne ne le connait... Dommage pour nous, nous en ferons les frais.

Même avec le recul, je ne comprends toujours pas comment cet homme est autorisé à enseigner? Je ne saurais même pas par où commencer pour décrire cet affreux personnage. Un mégalo de première (d’après mes savants calculs, si cet homme a vraiment passé tous les diplômes dont il se vante, exercé tous les métiers dans lesquels il prétend avoir de l’expérience, pratiqué tous les sports où il prétend exceller... Il doit avoir aux alentours de 103 ans? Il était plutôt bien conservé, je lui en donnais 35), un ego démesuré, un culte perturbant pour le IIIe Reich (les élèves ont étudié la 2de guerre pendant 2 ans, rien d’autres), et pour sa propre personne (leçon sur les adjectifs, exemple : «Monsieur Truc (lui) est un grand homme»), etc... Ha, aussi misogyne et, pour parfaire le tableau : nous avons appris plus tard qu’il était coupable de harcèlement moral et sexuel sur ses collègues.

La deuxième année a été vraiment très difficile. Monsieur Truc avait eu le temps de bien connaître les élèves et de gagner la confiance des parents, il a commencé à choisir ses souffre-douleurs.

C’est là que le vrai cauchemar a commencé... Oui, comparé à ce qui suit : tout ce que j’ai raconté précédemment est du pipi de chat.

Les deux années qui ont suivi ont été affreuses, je vais résumer vite fait : pardonnez mes réserves mais tout cela est vraiment trop douloureux, encore aujourd’hui, pour que je ne m’étende.

Monsieur Truc s’inquiète (?) pour Antoine, il sent que le petit a un potentiel et une grande intelligence mais ne donne pas son maximum, reste passif face aux apprentissages (marre de la 2de GM, peut-être?), est trop discret en classe (rien à voir avec son passé scolaire d’après lui, depuis le temps c’est oublié). Bref, ça recommence: de nouveau le harcèlement pour que nous consultions des spécialistes, on nous envoie vers le CMPP. Notre fils a de nouveau des troubles du langage, et des tics nerveux font leur apparition.

Nous en parlons à notre médecin de famille, qui semble totalement surpris :  il connait bien nos enfants, pour lui rien à signaler, il nous déconseille fortement cette voie. Mais à l'école, la pression est forte et les résultats en dégringolade. De guerre lasse, je fais alors LA bêtise qui nous mènera au désastre : je cède. 

Vous dire à quel point, aujourd’hui encore, je culpabilise pour ce moment de faiblesse... Si j'avais su où cela nous mènerait... Je pensais que ça se passerait comme avec l’orthophoniste : une petit bilan, tout va bien madame, on va lui rebooster l’égo vite fait au petit et le Monsieur Truc vous lâchera...

Hélas, pas du tout, ce fut : petit bilan, puis un autre, puis encore, on trouve rien, c’est louche, un enfant qu’on nous envoie a forcément quelque chose! Il ne saurait aller bien! Cherchons encore, mettons quelque séances de psychomotricité, il n’en a pas besoin mais ça peut pas faire de mal, puis envoyons chez le psy toutes les semaines, ho et puis tiens : passons lui un test de QI! Légèrement supérieur la moyenne avec un gros écart (positif) en langage et maintenant qu’est-ce qu’on fait de cette info? Rien, on ne change rien... On continue à le balader entre psy et psychométricienne sans nous expliquer quoi que ce soit...

L'année d'après, nous en sommes encore là : impossible de cesser le suivi, croyons-nous, car Monsieur Truc nous a à l’œil et n’attend que ça pour en conclure que nous privons notre enfant de soins nécessaires (il n’en démord toujours pas, malgré les bilans qui ne débouchent sur rien). Antoine va mal, très très mal. Il se sent bête, nul, il se marginalise complètement. Le taxi vient le chercher en plein milieu des leçons en classe pour le conduire chez le psy, ça fait causer les autres.

Nos relations avec notre fils se dégrade fortement... On se dit qu'il est mal dans sa peau, et que ce suivi psy doit l'aider, on n'ose l'interrompre. On ignore à ce moment que c'est au contraire ce qui provoque son mal-être. Antoine nous révèlera beaucoup plus tard qu'à chaque séance la psy lui disait que sa mère ne l'aimait pas, que c'est pour ça qu'il était malheureux, qu'il fallait qu'il lui raconte tout ce que ses parents faisaient pour l'exclure. 

À nous, lors des rdv-bilan, elle raconte... tout et n'importe quoi. Par exemple, qu'Antoine a la mauvaise place, c'est l'enfant du milieu. Lorsque je signale qu'ils sont 4, et que l'autre enfant du milieu (la n°3 donc) est un modèle de joie de vivre, elle me répond juste que ça n'a rien à voir : ils ont été 3 avant d'être 4, donc il est plus au milieu qu'elle (?)... Antoine grandit dans un environnement trop exclusivement féminin, il ne trouve pas sa place : chez nous il y a un papa, une maman, 2 filles et 2 garçons... Je ne suis pas très douée en maths, mais il me semble bien qu'on peut difficilement imaginer plus belle parité... Là non plus, il parait que ça n'a rien à voir : le petit frère ne compte pas car c'est un bébé (?), et le papa travaille trop pour être assez présent (tous les pères travaillant pour nourrir leurs familles apprécieront). Moi, de mon côté, je ne l'inclue pas assez aux activités... Par exemple, lorsque qu'on se fait les ongles avec les filles, pourquoi ne pas lui mettre du vernis aussi, pour jouer? (Oui, c'est une suggestion de la même psy qui nous reprochait qu'il soit élevé dans un contexte trop féminin...)

Bref, on n'avance pas...

Jusqu'au jour où tout éclate.

Un mardi soir. Mon mari est alors en voyage professionnel. C'est l'anniversaire de la grande, je devais faire le gâteau...

Les enfants sont à côté, je n'entends que la fin d'une phrase : Antoine menace son petit frère d'appeler la police pour le mettre en prison, ça le fait pleurer. Je rassure le petit en lui disant que c'est faux, que ça n'arrivera pas et demande à Antoine de confirmer. Il explose de rage, se met à hurler et à m'insulter, jette ses cahiers et monte l'escalier comme un fou. Je le suis jusque sa chambre, il est en train de tout retourner, me lance sa chaise de bureau au visage, explose la vitre de sa fenêtre à coup de poing en hurlant comme un damné qu'il est fou, "regarde maman, je suis fou, je fais n'importe quoi, je vais me tuer"

[...]

Je vais passer rapidement sur la suite : devoir maitriser, physiquement, son fils pour ne pas qu'il attente à sa vie au milieu des hurlements de terreurs de ses frères et sœurs, soigner sa main en sang, appeler de l'aide, consoler les petits sans le perdre de vue... sont des épreuves que je ne souhaite à personne.

Je vais passer plus rapidement encore sur la non réaction de la psy au récit de cet épisode, qui m'a juste confirmé qu'il était normal que je culpabilise mais que l'essentiel était que je sache en tirer les leçons. (Oui, depuis, j'en ai tiré une : plus aucun psy n'approchera aucun de mes enfants.)

Nous séchons de plus en plus souvent les séances du CMPP.

À l'école, ça ne va pas mieux, par le récit des copains, nous apprenons tout ce qu'Antoine subit régulièrement en classe : brimades et moqueries permanentes de Monsieur Truc qui l'appelle "l'extraterrestre".

Jusqu'au jour où nous apprenons que le maître a fait mal à notre fils. Impossible de savoir quoi, comment, dans quelle circonstances précises: certains élèves disent qu'il a été frappé, d'autres pincé à la joue... Leurs parents refusent que l'on implique leurs enfants, ce que l'on peut comprendre. Et Antoine, lui, nie tout en bloc, nous interdit d'en parler au maître (que redoute-t-il?) hurlant et pleurant quand nous lui en parlons.

De ce jour, je n'aurai de cesse que de harceler Monsieur Truc à mon tour. Pas un jour sans que je ne vienne l'attraper publiquement. Le croirez-vous? Ce grand pervers sexiste bourreau d'enfant est un lâche : très vite il va prendre l'habitude d'aller se réfugier dans sa classe dès qu'il me voit arriver.

Nous apprendrons l'année suivante qu'il y avait déjà eu des problèmes similaires dans son établissement précédent. Il obtient également sa mutation éclaire sans n'avoir prévenu personne de son départ.

L'année suivante, justement, est celle de l'entrée en 6e. Nous faisons le choix d'un collège privé pour que notre fils soit entouré de camarades sans avis préconçus sur lui, qui ne viendront pas lui rappeler ces années pénibles. Nous ne reprenons plus de rdv au cmpp, malgré leurs très nombreuses relances...

Antoine est aujourd'hui un ado "guéri", réparé : il commence à parler à peu près librement de ces années-là, sans entrer encore dans les détails toutefois.

Il est très agréable, généreux, altruiste, serviable, sociable. Il veut devenir vétérinaire. Il est en IEF depuis peu. L'école n'a décidément jamais été et ne sera jamais son truc, il s'y ennuie à mourir et fait n'importe quoi pour passer le temps.

Depuis qu'il est en IEF, il est très autonome et travailleur. D'ailleurs l'inspecteur chargé du contrôle, qui ignore tout de son passé ci-dessus, le lui a fait remarquer :  la quantité de travail accompli est impressionnante, et son organisation excellent.

Il a également noté... son aisance à l'oral! Pas mal, pour un garçon qui souffrait de troubles du langage, non?





Vous souhaitez témoigner à votre tour, en votre nom, ou celui de votre enfant? Raconter votre parcours scolaire ou désco?

Racontez-moi, je vous recontacterai :

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